Le pouvoir du maquillage : comment il influence l’estime de soi

« Si après avoir maquillé une personne, ses yeux brillent et un sourire apparaît, j’ai déjà ma récompense. » C’est ainsi que Roberto Fuiro exprime son amour pour son métier et sa philosophie de travail et de vie. De nombreuses célébrités sont passées entre ses pinceaux tout au long de ses 24 années d’existence. Maquilleuse officielle de Lancôme. Mais aussi de nombreux visages anonymes qui ont contribué à leur remonter le moral. Tous deux dans le fondation A LA PAR (anciennement Carmen Pardo-Valcarce), une institution avec plus de 70 ans d’expérience dans l’inclusion socio-professionnelle des personnes ayant une déficience intellectuelle, comme ateliers thérapeutiques qui se développe chez les patients atteints de cancer.

Oui, je pourrais me vanter d’avoir travaillé pendant 16 ans avec le mannequin Inés Sastre. SOIT ayant maquillé l’actrice Catherine Deneuve et le top Nieves Álvarez, parmi tant d’autres, mais ce Madrilène de Braojos de la Sierra, une petite ville dont il se sent très fier, ne se considère pas du tout comme un mythomane. Et ce qui l’intéresse le plus dans les pinceaux, ce n’est pas la frivolité et le « brilli brilli », mais la possibilité de ramener la vie de quelqu’un à la normale lorsqu’il traverse des circonstances difficiles, de le remettre sur pied ou d’égayer sa journée et son humeur. «Je me souviens quand ils m’ont appelé pour maquiller Eva Mendes à Barcelone et j’en ai parlé à ma mère. Son commentaire était : Et il n’y avait personne, alors tu dois y aller ? Ce genre d’anecdotes fait atterrir sans perdre la tête », dit-il.

Des lèvres rouges pour mieux paraître (et se sentir) mieux

Que le maquillage ait la capacité d’améliorer l’état émotionnel n’est pas nouveau. Durant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique a défendu l’utilisation de du rouge à lèvres pour remonter le moral au peuple sous la devise « La beauté est votre devoir ». C’est devenu un geste patriotique, et depuis, le rôle des cosmétiques et du maquillage en temps de crise est crucial. À tel point que l’on parle du Lipstick Index en période de récession. Quand les choses vont mal, les ventes de rouges à lèvres montent en flèche : nous devons avoir l’air bien.

Il existe déjà des études qui corroborent cela. Selon les données du service d’études de marché de L’Oréal Groupe, 8 % des personnes maquillées cherchent à avoir plus confiance en elles à tout âge. De leur côté, 9% ont l’intention améliorer votre humeur. Même certaines séries télévisées, comme Euphoria, ont transformé le maquillage en un autre personnage, capable d’exprimer des identités, de refléter des émotions et d’établir des changements d’humeur.

Le pouvoir du maquillage sur l’ambiance

Avant Lancôme, Seguiro a travaillé au Teatro Real. « De la même manière que le maquillage vous aide à créer des personnages sur scène, au quotidien, il a un effet direct sur votre humeur. Dans le cas de personnes qui traversent un processus oncologique, lorsqu’elles se sentent à nouveau elles-mêmes et que ils retrouvent leur bonne mine avant la maladie, c’est extrêmement gratifiant», explique-t-il avec enthousiasme. Elle parle de ses ateliers avec des femmes (et des hommes) qui ont souvent perdu leurs sourcils et leurs cils, ainsi que la luminosité de leur peau.

« Ils ne veulent pas se transformer, ils récupérer votre identité. Dans le cas des femmes, j’essaie de leur redonner leur teinte naturelle et rosée. Ou je dessine des sourcils si nécessaire (on n’a pas conscience de leur importance dans l’expressivité). Ensuite, j’ajoute un peu de blush et un peu de couleur sur les lèvres. Chez l’homme, une crème teintée suffit à éliminer la teinte grisâtre typique de la maladie. Au final, ce qu’ils veulent, c’est que, s’ils prennent le métro par exemple, ils arrêtent de les montrer du doigt et se sentent comme avant », explique la maquilleuse. De même, il unifie la peau et le tonus cLorsqu’il y a des pathologies comme le vitiligo ou la rosacéeun sourcil fendu ou un teint brûlé.

L’effet caché des pinceaux

Dans A LA PAR, seguiro enseigne ateliers de maquillage pour les personnes handicapées, toujours dans le but qu’en plus de profiter du côté ludique des peintures, elles se sentent à leur place et profitent de cette normalité si souvent considérée comme allant de soi. « Je leur donne des directives simples pour qu’ils n’exagèrent pas avec le résultat. Aussi pour qu’ils internalisent les gestes d’hygiène comme se laver les mains et nettoyer leur visage avant d’utiliser du fard à joues ou des fards à paupières. Avec une autre fondation, Bobath, il s’implique auprès des personnes atteintes de paralysie cérébrale.

De même, à travers Lancôme et en collaboration avec Plan International Espagne, cette maquilleuse donne des masterclasses de maquillage et de coiffure. aux femmes menacées d’exclusion sociale qui souhaitent s’y consacrer professionnellement. De la même manière qu’elle enseignait jusqu’à récemment aux femmes réfugiées ukrainiennes. En fin de compte, tout se traduit par un seul objectif : que l’estime de soi s’améliore. « Nous ne savons pas quel processus personnel quelqu’un peut traverser. Celui qui la voit nue, le visage lavé avant de commencer mon travail, c’est moi. Il y a une part importante de psychologie dans ce que je fais », reconnaît-il. Si Roberto devait choisir une astuce maquillage capable de remonter le moral, ce serait le rouge à lèvres : « Quand quelqu’un se maquille peu, au moins il se peint les lèvres. »