Un après-midi normal
Nous espérons que quelque chose d’extraordinaire se produira à des dates spéciales, mais au final, il ne se passe presque rien. C’est lors de journées teintées de normalité que la vie prend un tournant. C’est ce qui s’est passé avec DANA.
« C’était un après-midi normal », raconte une jeune valencienne à l’animateur de radio Jaime Cantizano. Il s’agit de l’après-midi du 29 octobre, lorsque Un DANA a frappé la côte méditerranéenne avec des conséquences dévastatrices. La jeune fille raconte qu’elle travaillait dans un centre commercial, comme n’importe quel autre jour, et qu’en partant, elle a constaté que le monde s’était effondré.
Je l’écoute en rentrant chez moi après mon travail, à un peu plus de 350 kilomètres de là où elle se trouve. Sa narration me rappelle celle de Joan Didion dans L’année de la pensée magique : L’écrivain raconte qu’un jour, elle s’est assise pour dîner avec son mari et celui-ci est tombé, foudroyé par une crise cardiaque.
La vie change rapidement.
La vie change en un instant.
Vous vous asseyez pour dîner et la vie que vous connaissiez est terminée.
Nous espérons tous qu’à des dates spéciales (anniversaires, réveillon du Nouvel An…), quelque chose d’extraordinaire se produira, mais au final, rien de notable n’arrive presque jamais. C’est les jours normaux, les après-midi normaux, quand la réalité prend un tournant. Pour le meilleur et pour le pire.
Dans un autre livre, biographie du silence, Pablo d’Ors défend radicalement les circonstances normales, celles dans lesquelles il n’y a pas un iota de ce que l’on considère souvent comme des ingrédients essentiels pour mener une existence pleine :
Aujourd’hui je sais qu’il convient de cesser de vivre des expériences, quelle qu’elles soient, et de se limiter à vivre : laisser la vie s’exprimer telle qu’elle est, et ne pas la remplir des artifices de nos voyages ou lectures, relations ou passions, spectacles, divertissements. , recherches… Toutes nos expériences ont tendance à rivaliser avec la vie et parviennent presque toujours à la déplacer, voire à l’annuler. La vraie vie se cache derrière ce que nous appelons la vie.
Le présentateur dit au revoir à la valencienne juste au moment où j’arrive à destination.
J’éteins la radio, je sors de la voiture, j’entre sous le porche, je monte les escaliers, je tourne la clé, j’entre dans la maison. Mon mari me demande « comment vas-tu? » Je réponds qu’il n’y a pas de nouvelles, que je n’ai pas grand chose à dire, que c’est juste un après-midi normal.
Et puis ça me vient à l’esprit à quel point j’apprécie généralement peu ce genre d’après-midi.